Le village de Bugarach et ses hameaux s'inscrivent dans un paysage montagnard fortement contrasté. Véritable charnière entre les triples
influences biogéographiques atlantiques, méditerranéennes et alpines, le pic de Bugarach et les plateaux et collines proches présentent une palette exceptionnelle d'espaces naturels dont la
composante en matière de biodiversité a attisé depuis longtemps l'intérêt de nombreux naturalistes.
Il en résulte, que ce soit au niveau départemental, régional, national, européen et même
mondial que ces territoires bénéficient de divers classements.
Quatre ZNIEFF (Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique),
intégrées dans une ZICO (Zone importante pour la Conservation des Oiseaux), deux espaces naturels sensibles (ENS) et intégrant la partie Ouest du site Natura 2000 des "Basses-Corbières", on comprend
bien que Bugarach recèle bien de nombreuses vertus naturalistes.
S'il fallait le préciser, osons admettre également que situés en zone de transition entre le domaine méditerranéen et d'autres domaines biogéographiques, ces espaces naturels présentent une forte
responsabilité en matière de conservation. Ceci en lien direct avec la frange méditerranéenne intégrée au "hotspot" (point-chaud mondial de biodiversité) du bassin méditerranéen.
En effet les zones de transition entre plusieurs milieux biogéographiques sont des réservoirs de biodiversité tant floristiques que faunistiques puisqu'ils
marquent généralement les limites de présence des espèces.
NATURA 2000 :
La ZPS des Basses-Corbières qui s'étend du littoral jusqu' au massif de Bugarach a été désignée en tant que site d'intérêt communautaire au regard de l'étonnante diversité de son avifaune.
Citons l'Aigle de Bonelli, l'un des deux couples audois qui niche à l'Est du site, dans les Corbières maritimes et l'Aigle royal dont plusieurs couples ont intégré dans leur domaine vital le
massif des Corbières.
Ces espèces ne sont pas les seules qui présentent une toute particulière sensibilité à l'électrocution et à la fermeture des milieux.
On peut observer fréquemment dans le ciel de Bugarach, des Vautours fauves, observables d'ailleurs à partir d'un observatoire tout spécialement aménagé mais aussi le Gypaète barbu ,
le Vautour moine et le petit Vautour percnoptère.
Ces dernières espèces bénéficiant localement d'actions de soutien mobilisées par la LPO Aude avec la complicité des éleveurs.
L'Aigle botté, petit aigle forestier est nicheur dans les forêts environnantes et vaque à ses quêtes alimentaires en survolant quotidiennement le village.
Si ces nécrophages et autres rapaces sont aisés à observer il est un peu plus délicat de surprendre des passereaux plus humbles comme le Pipit rousseline, l'Alouette lulu ou l'Engoulevent
d'Europe qui ne manquent pas de nicher dans les landes couvrant les collines et les plateaux pastoraux.
Toutes ces espèces bénéficient sur l'ensemble de la Zone de Protection Spéciale Natura 2000 de mesures agro-environnementales adaptées en vue d'enrayer pour certaines un déclin alarmant.
Les espèces présentes sur la ZPS, faisant l'objet de mesures de conservation
spéciale concernant leur habitat, afin d'assurer leur survie et leur reproduction
dans leur aire de distribution, sont les suivantes :























Au sein de cette liste, 15 sont observables sur les territoires communaux, soit comme nicheurs, soit en activité de quête alimentaire ou encore en halte migratoire
Les oiseaux des milieux rupestres :
Le massif des Corbières s'étend de 150 mètres d'altitude à l'est, pour culminer
à 1231 mètres avec le Pic de Bugarach à l'ouest.
Le relief de ce dernier est particulièrement tourmenté avec la présence de nombreux
affleurements rocheux à dominante calcaire.
Ces falaises sont une aubaine pour de nombreux oiseaux et notamment les rapaces
comme les emblématiques Aigle de bonelli, Aigle royal et Faucon
pèlerin (A l'exception de l'Aigle royal qui très rarement est susceptible de nicher dans un arbre, le Bonelli et le Faucon pélerin sont des rupicoles stricts).
De nombreux oiseaux nichent en falaise afin de se prémunir d'éventuelles attaques de prédateurs terrestres et assurer leur quiétude lors de leur nidification.
Les proies ne manquent pas dans leur diversité et vous ne pourrez échapper, par exemple, à l'observation du vol stationnaire du Circaète jean-le-blanc, lequel en altitude recherche les reptiles qui constituent
l'essentiel de son menu quotidien.
La falaise ici constitue donc un élément majeur de la diversité biologique.
Espèces intéressées : Sur Bugarach, outre les Vautours, vous pourrez observer tout particulièrement : Le Circaète Jean Le Blanc, l'Aigle botté, l'Aigle royal, le Faucon pélerin, le grand duc d'Europe, la Bondrée apivore,
le Crave à bec rouge et bien d'autres espèces en période de migration.. |
Les oiseaux des garrigues méditerranéennes :
Du fait de sa triple influence climatique le promeneur prendra facilement conscience de l'importance des influences méditerranéennes dans le paysage. Plutôt que des garrigues stricto sensu
on a ici affaire à des pelouses et landes méditerranéennes. Ces milieux sont des formations d'origine anthropique,
façonnées depuis le néolithique par la dent du bétail, l'araire de l'agriculteur et le feu du pasteur.
La garrigue est un milieu riche et singulier en termes de biodiversité. En effet, elle abrite de nombreuses espèces de plantes, d'insectes et d'oiseaux rares
et menacées sur le territoire français et européen.
Les milieux de pelouse constitués de Brachypode rameux et d'Aphyllanthe
de Montpellier hébergent ainsi des espèces comme le Pipit rousseline.
Les garrigues basses à romarin à l'est du massif des Corbières sont plus favorables aux cortèges des
fauvettes comme la Fauvette pitchou, la Fauvette orphée et la Fauvette passerinette, très rarement la Fauvette à lunette et le Traquet oreillard.
La garrigue a de tout temps été façonnée et modelée par la main de l'homme à des fins culturales. Ainsi, les Corbières étaient autrefois parcourues par de
nombreux troupeaux de moutons. L'exode rural ainsi que la modernisation des systèmes d'élevage ont eu raison de cette pratique agricole sur le massif qui
ne compte plus, à l'heure actuelle, que quelques troupeaux épars.
Cette disparition du pastoralisme depuis la moitié du XXème siècle est très logiquement à l'origine de modifications majeures de la composition des garrigues.
Ainsi, les milieux herbacés se sont trouvés réduits à des surfaces très restreintes au profit d'une strate arbustives et arborée dense et bien souvent impénétrable.
Cette fermeture des milieux est préjudiciable à la biodiversité et augmente les risques incendies.
Parmi les oiseaux menacés par cette fermeture des milieux nous pouvons citer le Cochevis de Thékla et le Pipit rousseline, ce dernier étant
en régression sur le massif des Corbières depuis les dix dernières années.
Le redéploiement du pastoralisme serait une solution envisageable pour l'entretien
des milieux.
Il permettrait de limiter les risques d'incendie et de conserver la mosaïque
d'habitats alliant les différents stades évolutifs d'une garrigue indispensable
au maintien d'une grande biodiversité.
Espèces intéressées : Sur Bugarach, à l'exception du Busard cendré et de l'Engoulevent, il vous faudra vous déplacer plus vers l'Est et le Sud pour contacter
les espèces plus spécifiquement méditerranéennes comme la Fauvette pitchou ou le Bruant ortolan. |
Les oiseaux des
milieux bocagers :
Comme on l'aura compris en raison de la complexité climatique, les espaces naturels constituent une véritable mosaïque qui apparait clairement dans le paysage. Alternent donc prairies
de fauche, pâturages, cultures, bosquets et landes parfaitement cloisonnés par un dense réseau bocager constituant un exemple magnifique de corridors écologiques.
Espèces intéressées: Bondrée apivore, Aigle botté,
Pie-grièche écorcheur. |
Les oiseaux nécrophages
:
Il existe une grande diversité d'oiseaux nécrophages mais les vautours restent
les plus emblématiques.
Ils se nourrissent exclusivement d'animaux morts ce qui leur a valu
le titre " d'éboueurs de la nature ".
La Commune de Bugarach est notamment un lieu privilégié pour se familiariser
avec le Vautour percnoptère.
La régression du pastoralisme est fortement préjudiciable aux rapaces nécrophages.
Ainsi le Vautour percnoptère a connu une diminution importante de son aire de
répartition lui valant un classement dans la catégorie "En Danger" selon
les critères de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Il n'y a pas que les oiseaux qui sont protégés et remarquables en tant que richesse
faunique, il existe aussi sur le territoire de Bugarach des espèces animales
tout autant intéressantes.
Ainsi l'Euprocte
des Pyrénées (Calotriton asper), endémique pyrénéen, est un amphibien d'eaux vives et fraiches,
en forte régression sur l'ensemble des Pyrénées. Sa population est estimée à plus d'un millier d'individus sur la zone de Bugarach.
Le territoire de Bugarach voit ses espaces parcourus par les adeptes de la chasse. On y chasse essentiellement le sanglier. Cette espèce, susceptible de causer de grand dégâts
dans les prairies et les vignobles voisins doit être régulée fortement sur l'ensemble du département. Les tableaux de chasse sont impressionnants et ne suffisent souvent pas à juguler
une dynamique impressionnante de l'espèce.
On chasse également le Chevreuil et d'autres petits gibiers comme le Lièvre et les oiseaux migrateurs autorisés.